Revue de presse : L'épopée américaine des Marthey de Pusey

En même temps que les Chanitois au Mexique, de très nombreux Vésuliens ont émigré vers les États-Unis. Dans le cimetière de Calmoutier (État d’Ohio), il y a de nombreux « Marthey » originaires de Pusey.

Grâce à Jean-Christophe Demard qui a beaucoup travaillé pour la mémoire des habitants de Champlitte exilés au Mexique, on a pu raconter avec beaucoup de précision et d’émotion l’histoire singulière d’un mouvement d’immigration. On sait également que plusieurs familles haut-saônoises ont tenté l’aventure américaine au début du XIXe.

François Nief, lui, s’est intéressé au sort de la famille Marthey de Pusey. Ce Grenoblois, originaire d’Aroz, a d’abord parcouru les archives à la recherche de ses ancêtres puséens puis s’est pris de passion pour le sort étonnant de quelques membres de la famille Marthey.

Immigration religieuse ?

« On découvre ainsi qu’il y avait une très forte communauté franc-comtoise aux États-Unis. Dans l’Ohio, les pionniers étaient surtout des Irlandais et des Allemands mais il y avait aussi des Français dont beaucoup de Comtois. Des Haut-Saônois ont d’ailleurs fondé la ville de Calmoutier puisqu’ils en étaient originaires. C’est le point de chute de la famille Marthey ».

S’il est établi que les migrants haut-saônois ont surtout cherché aventure aux USA pour fuir la famine, les épidémies, le mildiou et surtout certaines règles de succession, pour les Marthey, François Nief avance l’idée d’une ambition peut-être religieuse. Il semble que Pusey n’était pas plongé dans la misère qui a pu frapper d’autres secteurs. Une statue de la Vierge Marie de Pusey aurait d’ailleurs été transportée jusqu’à Calmoutier-Ohio. Les communautés religieuses installées aux USA avaient de puissants réseaux de recrutement. Les Marthey, donc, ont décidé de partir en famille. Le généalogiste a pu décrire dans un article paru aux USA leur périple administratif pour obtenir les certificats, puis le voyage en chariot pour rejoindre Le Havre et embarquer sur un navire.

Le Franc-Comtois est travailleur

« Ils ont fait souche dans l’Ohio, même si c’était compliqué d’y accéder à cause des Appalaches. Ils ont rejoint la petite communauté française et se sont établis pour de bon. On leur a donné les terres prises aux Indiens. Certains ont fait fortune sur place. D’autres, ont essaimé à Cleveland, Saint-Louis… Il faut dire que les Francs-Comtois arrivaient tous avec un petit pécule et un vrai métier dans les mains. Et ils sont travailleurs.»

François Nief raconte également l’épisode du mariage de Joséphine Migeon, fille de Marie Marthey. Elle a pris pour époux un Joseph Boigegrain revenu spécialement des États-Unis pour les noces. Le couple est aussitôt reparti pour Salt Creek (Ohio) où ils eurent beaucoup d’enfants. Aujourd’hui, leurs tombes sont toujours visibles au cimetière de Calmoutier.
Didier FOHR


Mes sources : des revues américaines et les archives départementales

François Nief, en généalogiste amateur confie avoir réussi à trouver un filon avec un accès aux archives des revues américaines, dont certaines parfois très anciennes et très documentées. La presse du début du XIX aux USA était semble-t-il très précise sur le sort des uns et des autres et fort heureusement sur la publication des états civils, naissance ou décès. Une mine, à condition de parler un anglais correct.

Une aide précieuse

Tout comme le « Journal de la Haute-Saône » de l’époque qui était riche en nouvelles sur les mouvements migratoires.

Également, il existe de nombreuses sociétés de généalogie aux États-Unis. L’une d’elles a d’ailleurs contacté François Nief pour lui demander un article sur la famille Marthey. Elle-même dispose de nombreux documents et notamment de l’arbre généalogique de la famille. Une aide précieuse pour François Nief, même s’il faut être très sourcilleux sur les droits puisque les menaces de procès ne sont jamais bien loin. C’est une véritable enquête de dix ans qui a conduit François Nief, depuis les archives départementales de Vesoul, à retracer une partie du parcours des Marthey à partir de 1 846. Le tout, au départ, pour retrouver son propre ancêtre.


François Nief, historien et généalogiste par hasard

L’ancien prof de gym s’est pris au jeu de la généalogie et de l’histoire en cherchant la trace de son ancêtre, Simon Nief. Le destin de plusieurs autres familles de Haute-Saône l’a passionné. Une vocation tardive est née.

« C’est en suivant la trace d’un de mes ancêtres, Simon Nief de Colombier, que j’ai commencé à m’intéresser à l’épopée américaine des Haut-Saônois. Moi j’ai des origines du côté d’Aroz en Haute-Saône et de Colombier. Et je suis moi-même un migrant puisque je suis parti habiter au Canada pendant quelque temps ».

Marié deux fois

Les recherches de François Nief lui ont permis d’apprendre que son aïeul s’est marié en France puis est parti outre-Atlantique en solitaire pour chercher fortune. Les lettres entre son épouse et lui-même se sont raréfiées avant de s’arrêter complètement. Simon Nief aurait alors refait sa vie sur place avec une autre épouse mais sans avoir divorcé de la première. Il se serait opposé aux autorités religieuses locales mais une église de la Nouvelle-Orléans aurait finalement accepté de le remarier. Il a eu deux enfants et s’est lancé dans les travaux publics en tant qu’entrepreneur. Il est décédé à 49 ans en se noyant accidentellement dans le Mississippi. Une de ses filles s’est ensuite mariée à un Français boucher à la Nouvelle-Orléans. Les Français avaient d’ailleurs le monopole des boucheries à la Nouvelle Orléans.

« Le destin de ces gens me fascine »

« Tout cela m’a tellement passionné que je me suis lancé dans d’autres recherches sur les familles haut-saônoises. À la base, j’étais prof de gym, ça n’a rien à voir… J’ai fait des découvertes étonnantes. Par exemple qu’un Franc-Comtois émigré à San-Francisco est devenu propriétaire du plus grand cabaret de la ville. Ce qui me fascine, c’est le destin de ces gens. Si quelques Francs-Comtois sont restés dans l’état de New-York, la plupart ont participé à la première conquête de l’Ouest, partis de Saint-louis ».


Voir l'article de L'Est Républicain du mercredi 7 octobre 2020  (page 1)...
Voir l'article de L'Est Républicain du mercredi 7 octobre 2020  (page 2)...

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